La vague sud-coréenne (hallyu) sumerge l'universitée de la Rochelle

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  • Le 20/04/2013
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La vague qui a popularisé le coréen à travers les soap opéras et la K-pop, avant d'exploser avec le tube planétaire "Gangnam Style", a atteint l'université de La Rochelle, débordée par le nombre croissant de jeunes désireux d'apprendre cette langue.

"Il y a quatre ans, nous avions des promotions d'un maximum de 25-30 élèves et à la rentrée 2011, nous en comptions 90", souligne Evelyne Chérel-Riquier, professeur de coréen à l'université de La Rochelle, une des trois en France à proposer un cursus complet dans cette langue, avec l'Inalco et Paris VII.

Frédéric Cathala, directeur du département langues étrangères appliquées (LEA) de l'université rochelaise, lie ce triplement des effectifs de première année d'anglais-coréen au succès, en 2011 à Paris, de deux concerts de "boys" et "girls band" coréennes. Les billets s'étaient vendus en moins de quinze minutes.

"La K-pop n'est qu'un élément de la culture de masse coréenne qui se diffuse à travers le monde, il y a aussi les dramas et les films", tient à souligner Mme Chérel-Riquier.

Pour l'enseignante, l'engouement pour cette langue est l'une des conséquences de la "vague coréenne" ou "Hallyu", une politique de promotion culturelle, économique et diplomatique encouragée par le pays du matin calme depuis le début des années 2000.

Après avoir touché l'Asie, elle est arrivée en Europe et aux Etats-Unis en 2011.

Limitation des places

Pour le président de l'université, Gérard Blanchard, cet attrait s'explique aussi par "le fait que les entreprises coréennes sont florissantes à l'international, notamment dans le domaine de l'informatique, la téléphonie et l'automobile".

Mais La Rochelle étant "la seule université de province à proposer ce type de cursus complet, on ne peut pas assumer localement une demande nationale", déplore Charles Illouz, doyen de la Faculté des lettres, langues, arts et sciences humaines (FLASH).

Afin de maintenir la qualité de l'enseignement, une procédure de limitation des places a été mise en place par le rectorat à la rentrée 2012: seuls quarante étudiants ont été admis, pour l'essentiel de Poitou-Charentes et en 2013 ils ne seront pas plus de 30, au grand dam des candidats recalés.

"Cette année, nous avons eu 130 demandes en seulement cinq jours", remarque le doyen de la faculté, qui "ne peut pas assumer seule ce véritable phénomène sociologique au sein de la jeunesse française".

Les passionnés de culture coréenne sont tellement motivés par le cursus d'anglais-coréen - au cours duquel sont dispensés aussi des cours d'économie et de droit - que certains vont jusqu'à... envisager d'échouer au bac pour le repasser dans l'académie de Poitiers.

Une fois franchi le cap la sélection, le fait d'avoir passé des heures à écouter de la K-pop ou à regarder des dramas sur internet permet à "environ 30% des étudiants d'avoir une oreille familiarisée au coréen" quand ils arrivent, admet Mme Chérel-Riquier.

Cela facilite "l'apprentissage au niveau de l'écoute et de la prononciation", dit-elle.

Un sentiment partagé par Laura Brohan, 22 ans, étudiante en Master 1, qui reconnaît que sa passion pour les "dramas" dès le lycée l'a aidée pour "la prononciation des mots et du débit de parole".

Mais pour le directeur du département LEA, cela ne suffit pas. "Le problème de cette filière c'est que l'enthousiasme de la première année disparaît au fur et à mesure qu'on monte vers les masters", remarque-t-il: "La réalité de la culture coréenne est très différente du produit d'exportation qu'est la K-pop", conçue pour plaire aux occidentaux.

"Ce sont deux univers différents" et les étudiantes, qui constituent la majorité de la filière, s'en rendent souvent compte lors des six mois passés en Corée du Sud dans le cadre de leurs études.

Ainsi, Laura avoue que ce séjour lui a permis de réaliser que son désir de travailler pour "l'industrie du divertissement coréenne" serait difficilement réalisable.

A 22 ans, elle aspire désormais à "aider les transfuges nord-coréens" mais ne se voit pas vivre en Corée au-delà de la quarantaine, le rythme de vie étant trop "fatiguant et stressant".

La vague coréenne, ayant attiré beaucoup de touristes dans ce pays de 49 millions d'habitants, "a généré beaucoup de xénophobie chez les Coréens, qui ne sont pas habitués" à une telle présence étrangère, regrette-t-elle.

source : notre temps

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